mercredi 25 avril 2007

Hommage à JP Cassel par Sébastien Gaxie


Nous venons de faire l'enregistrement de la musique du dernier long métrage de Jean-Pierre Cassel; de fait, le grand monsieur nous a quitté le 19 avril dernier, quelques jours seulement après la fin du tournage. Coproduit par Bizibi, Arte France, les Films du Fleuve, RTBF, le film prend pour décor une maison de retraite et met en scène JPC, poussé à reprendre du service comme ancien flic pour une dernière enquête... Mystérieuse et tendue à souhait, grincements puis des moments de grâce avec un chorale "à la Bach", la musique de Sébastien est plus qu'une illustration sonore dans ce film. On comprend que Romuald Beugnon, le réalisateur, se soit impliqué jusqu'au bout dans son premier long métrage en assistant à l'ensemble des prises au studio. Sur le plateau: un quatuor à cordes renforcé d'une contrebasse, d'un piano, une flûte, un saxophone et une clarinette; Sébastien est à la direction avec un retour image et son que je lui avais installé. Nous avons fait des prises de qualité, d'autant qu'elles bénéficiaient de l'arrivée récente des nouveaux convertisseurs Lavry Blue, le genre de machines qui savent servir la musique en se faisant oublier. Je tiens à saluer la bonne collaboration durant la session avec mon confrêre Sylvain Thévenard qui en réalisera le mixage.


vendredi 30 mars 2007

Vincent Chaintrier, compositeur pour l'image

Un film d'animation sans parole, un an de travail en parallèle de ses autres activités pour Lee Sullivan qui a réalisé et produit seul cette séquence de 90 secondes. C'est une historiette cynique sur laquelle Vincent Chaintrier a mis sa musique, une écriture symphonique pour laquelle l'électronique fut mise à contribution.
Le challenge consistait donc à faire sonner Gigasampler comme un grand orchestre. Les tubes made in Fearn & Manley lands m'ont aidés dans cette tâche, ainsi que la Lexicon 960 pour l'enveloppement et le caractère féérique. Je fournirai très prochainement un lien vers le résultat dont nous sommes satisfait: pas encore le LSO, mais pas si loin quand même. En fait, juste la démonstration que la qualité du travail (écriture et mixage) et la tenacité peuvent parfois compenser un budget restreint.
Nous avons de nombreux autres projets en commun avec Vincent, j'aurai l'occasion d'en présenter la teneur ultérieurement.

vendredi 23 mars 2007

Yasmin Shah, fragile et tonique

Nous venons de finir le mixage du dernier album de Yasmin Shah, un mélange efficace de pop/rock acoustique autour d'un piano et d'une voix pas conventionnelle, dans le bon sens du terme, évidemment. Pour reprendre des mots qui ne m'appartiennent pas, c'est un peu comme si Kate Bush s'était retrouvée avec Led Zeppelin et les Beatles pour faire un boeuf. Je vous l'accorde, ça peut faire peur, mais ça marche, c'est efficace, à la fois tonique et délicat voire fragile par moment. Je vous invite à découvrir quelques premixes sur Myspace ici. L'album devrait sortir d'ici quelques mois, pendant les beaux jours. Yasmin fait aussi partie des musiciens de la chanteuse arménienne Yerso. Je profite de cet espace pour saluer le travail de préparation au mix réalisé par Jean-Paul Gibilisco, un confrère ingénieur du son et ami. Le disque sera masterisé chez Philippe TDC.

mardi 20 mars 2007

Sous le charme: Nawal

Les Comores c'est avant tout l'Afrique, mais c'est aussi le Portugal, l'Inde, la France, l'Indonésie, les influences arabes et perses. Il y fait chaud, parfois trop lorsque la terre se réveille; la nature y est belle et généreuse, parfois exubérante et envahissante. La vie quotidienne est scandée par les fêtes, les cérémonies religieuses, mais aussi les rites initiatiques et les pratiques occultes. Beaucoup d'épices dans ce disque qui vient du ventre et de la terre. On alterne entre des passages festifs (Musica), des invitations à réfléchir sur le devenir du monde (Meditation), et des séquences de transes avec Aman qui donne son titre au disque. Je suis tombé sous le charme des Comores et de Nawal lors de ce travail de mastering sur son dernier album.

mardi 13 mars 2007

Panneaux acoustiques

La sempiternelle question de l’isolation des instruments en enregistrement revient toujours au débat contradictoire qui oppose l’envie naturelle, parfois proche du fantasme, de jouer en acoustique pour de vrai (tous dans la même pièce) et le réalisme froid de la nécessité de passer parfois par quelques edit salvateurs lors du montage. Les lois de l’acoustique étant immuables dans cette partie du monde, il existe peu de réponses pour répondre à tous les critères, et toutes consistent à augmenter le rapport signal/bruit. Dans un cas, on augmente le signal en rapprochant les micros des différentes sources sonores, dans l’autre on diminue le bruit (en fait le son des autres instruments) en séparant acoustiquement l’instrument à enregistrer. Les cabines d’isolation répondent au cahier des charges mais la séparation par des murs fixes impose des contraintes sur la disposition du groupe, et rompt la sensation de ‘jouer ensemble’.

Le panneau acoustique est dans ce cas un bon compromis entre une bonne isolation (10-15dB) et une bonne flexibilité d’agencement des musiciens. Nous allons disposer d’ici peu de 6 panneaux sur roulettes de 2,40m de haut autorisant de nombreuses configurations, permettant entre autres de doubler le nombre d’espaces réellement isolés (de 2 actuellement à 4).

[edit: à ce jour, le studio dispose d'une cabine supplémentaire -soit le grand plateau et 2 cabines- en sus du système de panneaux sus-mentionné]

mercredi 28 février 2007

Quelques propositions (en vrac, mais réfléchies) pour l’industrie de la musique

1/ Mener une réelle réflexion sur l’éducation et le conseil. Comment choisir dans une telle abondance? Comment remplacer le rôle autrefois tenu par les disquaires qui prenaient le temps de comprendre vos goûts et de vous conseiller ?
2/ Baisser le prix du disque !
3/ Proposer systématiquement une dégressivité des prix dans le temps (prix fort à la sortie du disque, -20% 6 mois plus tard par ex.)
4/ Pour les ventes en ligne : introduire un modèle forfaitaire d’accès aux catalogues, au lieu de faire sortir le porte-monnaie (même s’il est électronique) pour chaque téléchargement
5/ Redonner le goût de la qualité technique : voir l'article sur le mp3
6/ Ne pas confondre déclin du disque (support) et déclin de la musique

Vos réactions?

Bien à vous

Grandeur et décadence du MP3

Juste histoire d’enfoncer des portes ouvertes, je voulais juste rappeler quelques trivialités sur le MP3 et démontrer son caractère éphémère.

Tout d’abord, le MP3 est un format compressé avec perte, ce qui signifie qu’après décompression (ce que réalise votre lecteur préféré), le signal est dégradé par rapport à l’original. Il existe cependant des encodeurs sans pertes, type Zip ou Rar, mais spécifiques à l’audio, comme le MLP. Ceux-ci ont au mieux un taux de compression de 50%.

Le format MP3 a été introduit pour la réduction très importante du volume des fichiers audio (de 8 à 20 fois moins de place en mp3), ce qui permet d’emporter une bonne partie de sa discothèque dans un format réduit, sans parler d’une plus grande vitesse de transmission sur les réseaux informatiques.

A mon sens, le succès du mp3 comme format s’explique par la déficience temporaire des moyens de transmission et stockage numériques actuels. Un disque dur d’iPod ne contient en effet ‘que’ 20Go, une connexion ADSL offre 2M de bande passante. Lorsque les capacités seront à niveau (d’ici 3-5 ans ?), l’intérêt du format périclitera par la même occasion. Cela aura le double avantage de s’affranchir de l’étape de compression (encodeurs mp3) et aussi de redécouvrir un niveau de qualité malheureusement oublié pendant quelques années au profit de la mobilité.

mardi 27 février 2007

Illustrations

J'avais rapidement mentionné un projet d'illustration sonore avec Stéphane Joly (quatuor à cordes, clarinette et piano), dont je viens juste de finir le mastering pour le compte de Gizmo Deluxe; dans la même veine, un mastering d'un beau projet autour du violoncelle d'Alain Grange vient d'être rendu au Label Kapagama. Et bien, si pour vous illustration sonore rîme avec easy listening/toile de fond/musique d'ascenceur, je vous invite à avoir tort en prêtant une oreille à ces compositions. A découvrir donc.

PS: j'espère que les lois en tout genre sur le copyright pourront un jour me permettre de proposer quelques extraits. A bon entendeur...

lundi 19 février 2007

Le bestiaire de Bertrand Giraud

Je viens d'enregistrer le nouveau CD de Bertrand Giraud , pianiste concertiste, sur le thème 'Les animaux'. Pour le goût du bon mot, je me laisserais volontiers aller à quelques commentaires animaliers mais ce serait déplacé car de safari musical il n'est pas question ici. Le thême se veut léger mais la musique est élégante, contrastée, faisant parader de nombreux compositeurs, beaucoup sont français: Saint-Säens et Messiaen évidemment, mais aussi Chabrier, Chausson, Bizet, Fauré, Satie, Honneger et Moussorgski. L'histoire de Babar de Francis Poulenc (pour récitant et piano) est la pièce maitresse du disque. Une musique variée, des intervenants de qualité (récitant, chant, flûte, violoncelle et une deuxième paire de mains); ce sera un beau disque, et pas seulement pour les enfants.

Je ne pense pas être facilement impressionnable, mais j'ai été surpris par la capacité de Bertrand à passer d'une oeuvre à l'autre, et par son endurance sans perdre de son flegme ni de sa sensibilité. 8 heures par jour derrière les micros avec juste le minimum syndical de pauses, il faut pouvoir le faire. Avec un petit sourire, il nous apprend qu'il vient de donner un concert la veille du premier jour en studio, et le soir même du deuxième jour... Les 35 heures pour les artistes?

Bien à vous

jeudi 8 février 2007

Musique de film avec Esmilthan

Il cherchait un studio avec un Fazioli, c'est ainsi qu'il a pris contact. Lors de sa première visite, je l'ai laissé un moment dans le studio A, pour essayer le piano et prendre ses marques, j'étais moi-même en mix sur un autre projet. Le jeune homme est vraiment sympathique, souriant et avenant, la technique instrumentale est affirmée; on apprend au cours de la conversation qu'il a commencé à mettre les mains sur un piano il y a juste 5 ans... presque énervant! Sourire.

Nous enregistrons ses compositions pour le court-métrage d'un producteur japonais sympathique, cultivé et vivant en France, Masato Shinada, avec la contribution remarquée de Julie Delaurenti, charmante jeune comédienne à la voix chaude pour un duo avec le pianiste sus-nommé.
De bons musiciens, des gens cultivés et ouverts, le respect des rôles et contributions de chacun, bref, des moments comme je les aime et qui me font aimer mon métier.